Florian Brunner

Florian Brunner, une voix libre face aux notables
La trajectoire de Florian Brunner s’écrit dans un double mouvement : une ascension intellectuelle et internationale rigoureuse, et un retour méthodique, exigeant et critique vers sa ville natale de Colmar.
Son parcours est celui d’un homme qui choisit délibérément d’entrer en politique par la pensée, la parole libre et la rupture éthique, plutôt que par les voies traditionnelles du pouvoir local.
2007 - 2008 : le refus du compromis, la rupture fondatrice
En 2007, Florian Brunner entre en politique. Il milite activement au MoDem, séduit par la promesse d’un centre indépendant, européen et démocratique. Mais dès l’année suivante, à Colmar, il est confronté à une trahison de ces idéaux. Odile Uhlrich-Mallet, figure historique du centre local, choisit de fusionner au second tour avec Gilbert Meyer, Maire conservateur. Brunner s’y oppose frontalement. Il refuse d’endosser cette alliance qu’il juge contraire à l’éthique démocrate. Cette rupture fondatrice, est le point de départ de son autonomie politique.
2008 - 2009 : la naissance de « Bougeons les lignes ! »
Avec un groupe de jeunes militants, Brunner cofonde la liste citoyenne « Bougeons les lignes ! ». À 18 ans, il en devient l’un des stratèges, des plumes, et des visages. La campagne est inventive, énergique, sans moyens mais avec du souffle. La liste obtient 5,39 % des voix: un score inédit pour une initiative citoyenne indépendante à Colmar. Ce n’est pas une victoire, mais une percée. Une graine semée contre le verrouillage politique local. C’est aussi le début d’un affrontement personnel et politique durable avec Uhlrich-Mallet.
2009 - 2012 : engagement local et démission éthique
Élu conseiller de quartier pour Saint-Léon, Brunner participe à plusieurs commissions, notamment sur l’urbanisme et le vivre-ensemble. Il tente d’incarner une démocratie de proximité, vivante. Mais rapidement, il comprend que ces dispositifs sont vidés de leur sens. Le Maire verrouille. Les débats sont factices. Il démissionne avec fracas en 2012, publiant une lettre dénonçant l’imposture démocratique. C’est un acte de cohérence : mieux vaut partir que cautionner le simulacre.
2011 - 2013 : de Colmar à l’Alsace, une parole qui s’élève
Brunner devient président des Jeunes Démocrates d’Alsace. Il porte une parole transpartisane, s’engage pour la Collectivité Territoriale d’Alsace, cofonde le collectif « Alsace Unie ». Lors du référendum régional de 2013, il signe une tribune remarquée dans les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA), saluée par François Bayrou. Il dénonce notamment sur France 3 Alsace, les attaques politiques opérées à l'encontre de la conseillère générale Brigitte Klinkert, ainsi que l’instrumentalisation politicienne du débat par le président du Conseil Général du Haut Rhin, Charles Buttner. Son ton est déjà celui d’un homme libre, attaché à la démocratie plus qu’aux étiquettes.
2013 - 2016 : la marche citoyenne, l’expérience nationale
Florian Brunner rejoint l’équipe du député Jean Lassalle et participe à sa Marche Citoyenne. Il coordonne l’étape alsacienne, devient vice-président de son association nationale, rédige un Cahier de l’Espoir sur la jeunesse et l’Europe. Cette période qui le rapproche de Paris, renforce son ancrage dans une pensée politique enracinée, exigeante, tournée vers les invisibles. Il travaille également avec le Maire de Quatzenheim et conseiller régional, Sylvain Waserman, avant qu’il ne devienne député de Strasbourg. Ces expériences lui permettent d’acquérir une influence notable, mais ne le satisfont pas pleinement, car il observe dans le même temps les limites de projets politiques inaboutis.
2016 - 2017 : la bifurcation intellectuelle
Brunner prend de la distance avec les appareils, mais pas avec l’engagement. Il entame une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) à l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée, où il valide un Master 2 « Métiers du politique » sous la direction de David Smadja. Son mémoire raconte cette traversée politique, du local au global, et pose les fondations d’une réflexion plus vaste sur le lien entre élus et citoyens. Brunner fonde à Strasbourg, le think tank « Europe et Démocratie », qui se consacre à l’étude de la place de l’Union européenne dans le monde. Il fréquentera assidûment le Parlement Européen et organisera de nombreuses conférences.
2017 - 2024 : la grande diagonale – de la pensée au pouvoir
Passionné par les relations internationales, Brunner entame une thèse ambitieuse à Paris 8 sur le pouvoir du Haut Représentant de l’Union européenne dans la PESC (1995-2024), sous la direction de Michel Mangenot. Il réalise 64 entretiens avec des diplomates, militaires, hauts fonctionnaires européens. En 2023, il obtient la prestigieuse bourse Henri Rieben, à la Fondation Jean Monnet pour l’Europe de Lausanne, en Suisse. Il y dépose ses archives et donne deux conférences, en 2024 et 2025, à l’Université de Lausanne. En parallèle, il publie des tribunes dans Les Échos, Le Taurillon, sur le blog du think tank suisse FORAUS. Florian Brunner devient une voix. Il ne demande pas à être écouté : il est entendu.
Une pensée du pouvoir nourrie par les maîtres du réel
Florian Brunner ne s’est jamais contenté de militer : il a lu, longtemps, profondément. Il s’est formé à l’école de la lucidité. Ses références ne sont pas celles des slogans ou des dogmes, mais des textes. Très tôt, il a cherché à comprendre ce qui fonde le pouvoir, ce qui le menace, ce qui le légitime. C’est dans cette quête qu’il s’est plongé dans les textes d’Hannah Arendt, de Raymond Aron, et de Henry Kissinger, non comme objets d’étude, mais comme compagnons de route.
C’est dans ces lectures qu’il a puisé cette capacité rare à articuler l’éthique, la stratégie et le réel, sans céder ni à l’idéalisme creux, ni au cynisme facile. Et c’est peut-être là que réside sa singularité : penser la politique comme un espace des rapports de force, où la lucidité ne dispense pas du courage, et où l’intelligence stratégique ne s’oppose pas à la fidélité à soi.
L’intuition scientifique comme horizon politique
Il y a chez Florian Brunner une fascination ancienne pour la pensée d’Albert Einstein. Pas seulement pour le génie du physicien, mais pour sa manière d’articuler intuition, rigueur et vision. Il a lu de nombreux ouvrages de physique théorique, sur la relativité, la structure de l’espace-temps, la mécanique quantique. Cette passion, discrète mais tenace, irrigue sa pensée politique : comprendre les forces invisibles, détecter les points de bascule, relier les échelles.
C’est ce même fil qui l’a conduit à s’intéresser aux travaux de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), qu’il considère comme un modèle de recherche ouverte, transdisciplinaire et internationale. Il suit de près les projets menés à Lausanne, en particulier ceux qui articulent innovation technologique, souveraineté européenne et éthique scientifique. Il y voit un laboratoire non seulement de savoirs, mais de puissance raisonnée.
Florian Brunner échange régulièrement avec des chercheurs en physique, discute des liens entre gravité, conscience et modèles géométriques, interroge les analogies possibles entre structures scientifiques et structures politiques. Ce n’est pas une coquetterie intellectuelle. C’est une manière de penser autrement, plus loin, plus librement, sans jamais céder au simplisme. Dans un monde en mutation, il croit que la politique a tout à apprendre du geste scientifique : la patience, la précision, le doute structurant, et le goût du réel.
Un stratège engagé dans l’action
Chez Florian Brunner, la pensée n’est jamais restée en surplomb. Elle descend dans l’arène, se confronte aux résistances, assume les contradictions. Dès ses 18 ans, il cofonde une liste citoyenne, affronte un système verrouillé, s’expose, s’engage. Il ne théorise pas la démocratie : il la pratique. Il organise, rédige, coordonne. Il démissionne quand il le faut, parle quand d’autres se taisent, construit là où l’espace semble clos.
Dans la Marche Citoyenne de Jean Lassalle, il ne reste pas dans l’ombre : il coordonne, anime des travaux, trace des itinéraires, contribue aux réflexions. Durant la rédaction de sa thèse, il ne se contente pas d’analyser le pouvoir institutionnel : il rencontre 64 acteurs clés, prend le temps d’écouter, de transcrire, de comprendre. À Colmar, il ne se focalise pas sur la critique : il formule, propose, pousse des idées. Il ne cherche pas la place, mais le point d’appui d’un basculement possible. Ce n’est pas un militant au sens classique. C’est un acteur lucide, qui refuse de choisir entre la rigueur intellectuelle et l’efficacité stratégique. Il avance sans précipitation, mais sans relâche. Il agit là où cela compte : dans le réel, dans le discours, dans l’endurance.
Le temps comme allié
Florian Brunner avançait seul, mais sans crainte. Non par orgueil, mais parce qu’il avait appris tôt à observer en silence. À Colmar, on le regardait parfois comme un intrus : trop jeune pour le rôle, trop lucide pour plaire, trop indépendant pour entrer dans les cases. Dans cette ville où les hiérarchies ne se discutent pas, où l’on attend patiemment son tour, lui avait choisi de ne pas attendre. Il n’interpellait pas, il importunait par sa simple présence. Il ne réclamait rien, mais il remettait tout en cause. Par sa tenue, par sa précision, par sa constance. Il savait que le temps était son allié. Que la patience n’était pas un retrait, mais une méthode. Et ceux qui feignaient de ne pas l’entendre savaient, au fond, qu’il représentait déjà autre chose. Quelque chose de plus exigeant. De plus profond. De plus dangereux, peut-être, parce que désintéressé.
Retour à Colmar : la parole contre le système
En 2024, Florian Brunner reprend la parole à Colmar, en soutenant la candidature de la députée Brigitte Klinkert aux élections législatives. En 2025, il critique frontalement la politique budgétaire sans vision du Maire de Colmar, Éric Straumann. Il s’oppose à l’immobilisme institutionnel de la première adjointe, Odile Uhlrich-Mallet, dont il connaît le parcours, les revirements, les renoncements. Il ne projette pas de rejoindre une liste, mais propose un projet. Il ne veut pas prendre la ville : il veut l’ouvrir. Il plaide pour un campus universitaire transfrontalier, une ville pilote d’un numérique humaniste, une démocratie vivante, une écologie appliquée. Il dénonce l’appel aux dons pour la collégiale alors que la trésorerie est pléthorique. Il réveille un imaginaire, une exigence. Il n’affronte pas avec des affiches, mais avec des idées. Éric Straumann et Odile Uhlrich-Mallet le bloquent sur Facebook.
Une voix libre, une ligne claire
Florian Brunner n’est ni un notable, ni un marginal. Il est l’enfant libre de Colmar, monté jusqu’à l’Europe, revenu avec un regard clair. Il est une voix singulière, construite hors des circuits, mais ancrée dans une cohérence rare. Il n’a pas de mandat, mais il a une légitimité. Il n’a pas de parti, mais il a une ligne. Il ne joue pas le jeu du pouvoir : il le redéfinit. Face à Straumann, le gestionnaire sans vision ; face à Uhlrich-Mallet, la loyale de toutes les majorités ; Florian Brunner incarne une politique pensante, courageuse, sans compromis. Une politique qui ne promet pas des places, mais des perspectives.

Une éthique du refus
Il y a chez Florian Brunner une éthique du refus, qui précède tout projet de conquête. Il ne cherche pas à plaire, mais à rester fidèle. Il ne pactise pas avec ce qu’il juge indigne. Son engagement commence là où d’autres acceptent déjà trop. Refuser est pour lui un acte fondateur.
Il avance lentement, méthodiquement. Il ne court pas après les fonctions : il construit, couche après couche, une légitimité qui ne dépend de personne. Sa patience est stratégique. Elle ne représente pas un retrait, mais une préparation.

La pensée comme centre de gravité
Son intellect n’est pas un ornement : c’est un levier. Il pense, et cela suffit à faire trembler les cadres. Il introduit des idées là où l’on attendait des slogans, des analyses là où l’on n’entendait que des postures.
À Colmar, il est sans doute l’un des rares à faire de la politique avec la pensée comme centre de gravité. Son engagement est pudique. Il ne s’exhibe pas. Il ne parle pas de lui. Ce qu’il porte, ce sont des exigences, des projets, des équilibres à retrouver. Là où d’autres racontent leur trajectoire, lui préfère tracer une ligne.

Proposer malgré les murs dressés
Il relie le local et le global avec une justesse rare. Il parle aussi bien des pavés de la place Saint-Martin que des équilibres diplomatiques à Bruxelles. Il n’oppose pas les échelles, il les fait dialoguer. Il rappelle que le destin d’une ville ne se pense plus sans le monde.
Et malgré tout ce qu’il a affronté, malgré l’indifférence, les évitements, les murs dressés, il ne nourrit aucun ressentiment. Il ne se venge pas. Il ne se replie pas. Il transforme le rejet en clarté, la clarté en action. Il ne se définit pas par ce qu’on lui refuse, mais par ce qu’il propose.
Deux Colmariens, deux visions du pouvoir
Straumann et Brunner sont nés à Colmar, mais leur rapport au pouvoir s’écrit en opposition. Straumann est un professionnel de la politique. Il connaît l’administration, manie les rapports, tient les finances. C’est un homme d’ordre et de maîtrise. Mais sa parole est prudente, fermée, souvent silencieuse. Il agit sans trop dire, avance sans trop montrer. Son pouvoir est un pouvoir de gestion : solide, continu, mais sans horizon visible. Brunner, lui, n’est pas un homme de contrôle, mais de cap. Il avance sans fonction, sans appareil, mais avec une ligne. Il construit son autorité par la pensée, par la fidélité à une exigence, par une forme rare d’endurance intellectuelle.
Straumann et Brunner ne s’ignorent pas. Ils se croisent parfois. Se jaugeaient peut-être. L’un, fort de son pouvoir. L’autre, fort de sa ligne. Mais dans cette ville tenue d’en haut, il est possible que ce soit la voix venue d’en bas qui finisse par peser. Non par force. Par évidence. Et dans cette tension entre deux conceptions opposées de l’action politique, l’une visible mais figée, l’autre encore marginale mais vivante, se joue peut-être l’avenir d’une ville. Et plus largement, la possibilité d’un autre rapport au pouvoir.